Jean-Loup Chappelet

Histoire et défis des villes hôtes des JO d’hiver

Depuis leur première édition en 1924 à Chamonix, les Jeux Olympiques d’hiver ont été accueillis par des villes et des communautés toujours plus grandes.

D’abord réservés aux stations de sports d’hiver, les Jeux se sont déplacés dans les années 1960 vers des villes de taille moyenne situées dans des zones de montagne, puis, au début du siècle, vers des villes plus grandes éloignées des montagnes.

Quelles sont les raisons qui sous-tendent cette évolution ? Est-elle susceptible de se poursuivre compte tenu des effets du changement climatique et de l’urbanisation croissante ?

A la Croisée des Jeux, le podcast qui rapproche sport et culture, en explorant l’influence des Jeux Olympiques sur vous, sur nous, sur nos imaginaires et dans la société, réalisé par Le Musée Olympique.

Pour ce dernier podcast de la saison 2 de la Série A la Croisée des Jeux, Joëlle, chef de projet digital au Musée Olympique, accueille Jean-Loup Chappelet pour parler de l’histoire des villes hôtes des Jeux d’hiver, et des défis auxquels elles sont confrontées aujourd’hui et dans un avenir proche.

Jean-Loup Chappelet :

Jean-Loup Chappelet est aujourd’hui professeur honoraire de l’Université de Lausanne à l’Institut de Hautes Etudes en Administration Publique. Il a écrit de nombreux articles et livres sur l’évolution et les défis des Jeux d’hiver. Il a été Professeur ordinaire de management public à l’IDHEAP depuis 1993 et Directeur de 2003 à 2012.

 

 

La croissance des villes hôtes d’hiver

Jean-Loup Chappelet nous propose de distinguer trois périodes dans l’organisation des Jeux Olympiques d’hiver : de Chamonix 1924 à Palisades Tahoe ( Squaw Valley 1960), les Jeux sont organisés dans des stations de montagne, exception faite pour Oslo, capitale norvégienne, en 1952. Ensuite les Jeux se déroulent, à partir d’Innsbruck 1964, dans des petites villes. A partir de 1998, à Nagano, les Jeux d’hiver ont lieu dans des villes plus grandes, voir des capitales.


Lake Placid 1980, le centre de presse principal ©1980, CIO

 

A partir des années 80, le défi majeur pour les Jeux d’hiver a été leur croissance. L’intérêt médiatique s’est accru, il y a eu plus de journalistes, de médias mais aussi plus d’athlètes et d’officiels. C’est pour cette raison aussi, comme le rappelle Jean-Loup Chappelet, qu’à partir de 1994, les éditions d’hiver et d’été s’alternent. Les Jeux doivent donc être organisés dans des villes et non plus dans des petites stations de montagne.


Nagano 1998, vues de la ville sur les montagnes © 1998 /Allsport / BILOW, Nathan

 

Protection de l’environnement et développement durable

Pour Jean-Loup Chappelet, le souci de l’environnement vient d’abord des Jeux d’hiver. En 1932, certains se préoccupent déjà de l’impact environnemental sur la région de Lake Placid, préoccupation qui gagnera de l’importance à partir des années 80. Cette réflexion sera aussi introduite pour l’organisation des Jeux d’été. Dès 1994, des études environnementales sont réalisées et des systèmes de certification sont mis en place pour les Comités d’organisation.


Maisons en bois du Village des médias. Elles seront démontées après les Jeux et vendues dans toutes la Norvège. © © 1994 / CIO / STRAHM, Jean-Jacques

 

Les Jeux de Lillehammer 1994 marquent un tournant en prenant un certain nombre de mesures en matière d’utilisation de l’énergie et des constructions respectueuses de l’environnement. Dès lors, Jean-Loup Chappelet le souligne, toutes les villes hôtes ont fait des efforts particuliers jusqu’à aujourd’hui.

 

Le futur des Jeux Olympiques et des sport d’hiver

Selon des études récentes, dès 2050, quatre villes hôtes sur 19 villes hôtes d’hiver, de Chamonix 1924 à Sotchi 2014, ne pourraient plus accueillir les Jeux Olympiques d’hiver. Et en 2080 seules six villes seraient en mesure de les organiser. Pour Jean-Loup Chappelet, avec le changement climatique, il sera en effet de plus en plus difficile d’organiser les sports sur la neige car cette dernière tend à disparaître selon les régions. Il faudrait que les stations soient au-dessus de 1500 m d’altitude pour espérer avoir un peu de neige. Les canons à neige sont une solution mais pas la plus adéquate d’un point de vue environnemental et du développement durable. Le problème sera en particulier pour les sports de neige tels que le ski, le ski de fond, le snowboard, le saut à ski. Quant aux disciplines sur glace, patinage, curling, hockey sur glace, elles peuvent se dérouler dans des installations fermées, en ville.

Ensuite la problématique sera, pour ces stations de haute altitude, leur distance avec la ville haute et la facilité d’accès au domaine.

Cependant Jean-Loup Chappelet reste optimisme concernant les sports d’hiver, rappelant que les premiers Jeux Olympiques datent de la fin du XIXe siècle et qu’ils ont sans cesse évoluer et dû s’adapter. Dans certains pays où il ne sera plus possible de pratiquer des sports sur la neige, il faudra certainement se contenter de sports sur la glace avec des installations respectueuses de l’environnement.

Découvrez notre exposition gratuite Rêver en blanc : l’épopée des Jeux Olympiques d’hiver présentée au Musée Olympique jusqu’au 27 février 2022.

A la Croisée des Jeux, le podcast qui rapproche sport et culture, en explorant l’influence des Jeux Olympiques sur vous, sur nous, sur nos imaginaires et dans la société, réalisé par Le Musée Olympique.

Pour en savoir plus : https://olympics.com/musee/decouvrir/programmation/rever-en-blanc

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