On se souviendra de Vancouver 2010 comme d’un déploiement d’exploits sportifs, de foules passionnées et de compétitions intenses.
Vancouver 2010 a complètement changé la façon dont les Jeux Olympiques, ainsi que d’autres méga-événements sportifs, abordent la durabilité. Ils ont révolutionné la relation entre le sport, la protection de l’environnement, l’éducation et l’inclusion sociale. Aujourd’hui, plus de dix ans après, l’héritage durable de Vancouver 2010 est toujours vivant.
A la Croisée des Jeux, le podcast qui rapproche sport et culture, en explorant l’influence des Jeux Olympiques sur vous, sur nous, sur nos imaginaires et dans la société, réalisé par Le Musée Olympique.
Pour ce second podcast de la saison 2 de la Série A la Croisée des Jeux, Meghan, chef de projet au Musée Olympique, accueille Ann Duffy, responsable du développement durable à Vancouver 2010, pour nous parler de l’incroyable travail de durabilité que son équipe et elle ont accompli lors de ces Jeux canadiens.
Ann Duffy :
Ann Duffy, présidente du groupe Ann Duffy, une société internationale de conseil en durabilité. Ann a été responsable de la durabilité à Vancouver 2010. Depuis lors, elle conseille les organisateurs des Jeux Olympiques, Paralympiques et de la Coupe du monde de la FIFA sur le développement durable. Plus récemment, elle participe au succès de la candidature unie du Canada, du Mexique et des États-Unis pour l’organisation de la Coupe du monde masculine de la FIFA 2026.
Les objectifs qualificatifs et quantitatifs de la durabilité
Ann Duffy décrit sa fonction en tant que responsable de la durabilité dans le Comité d’organisation des Jeux de Vancouver 2010. Elle avait la responsabilité d’atteindre des objectifs qualitatifs et quantitatifs, qu’il s’agisse de Jeux à faible émission de carbone, de Jeux à faible encombrement, de l’inclusion sociale ou de la participation des autochtones.
Tout cela dans un grand enthousiasme, relayé et adopté par chacun des employés, des entrepreneurs et des bénévoles.
Le dialogue avec les partenaires externes
Ann Duffy aime dire qu’il y a eu au moins 1000 conversations pendant la phase de candidature avec les régulateurs du Gouvernement, les Premières Nations indigènes, les organisations sportives, les organisations environnementales et les organisations à but non lucratif. L’objectif était aussi de répondre aux besoins des populations les plus vulnérables ainsi qu’aux personnes ayant un handicap physique (Jeux Paralympiques).
Une approche holistique de la durabilité
L’Anneau de Richmond est, pour Ann Duffy, un bel exemple d’une approche globale en terme de durabilité. Conforme à la norme canadienne de construction verte pour l’efficacité énergétique et le respect environnemental, il comporte un système de capture de l’eau conçu pour irriguer les aménagements paysagers du toit et de la zone autour de l’Anneau.
Il est aussi conforme à la norme de conception universelle pour l’accessibilité. Aujourd’hui, l’Anneau est un centre d’entraînement pour l’équipe nationale d’aviron, de hockey, de rugby et de basket-ball. Il est devenu un centre communautaire et un espace de réunion et de rencontre, jouant ainsi un rôle vital au sein de la ville de Richmond.
Ann Duffy rappelle que le Comité d’organisation ne peut pas tout faire tout seul et doit travailler en partenariat avec les groupes communautaires locaux. L’objectif est aussi de créer des opportunités économiques locales et régionales. Elle cite comme exemple un programme d’apprentissage de menuiserie ayant recruté des femmes et des hommes autochtones et immigrants. Tous les produits et services proviennent de sources éthiques, respectant les lois locales sur l’environnement.
Les objectifs en terme d’héritage de Vancouver 2010
Avant même que Ann Duffy soit impliquée dans l’équipe, de nombreux engagements avaient déjà été établis dans la phase de candidature, principalement des accords d’héritage avec les quatre Premières Nations hôtes dont les territoires étaient concernés par les Jeux comme le Parc olympique de Whistler. Ce fut une collaboration entre une entreprise de construction établie et une entreprise de construction locale appartenant aux Premières Nations.
Ensuite toutes ces décisions d’approvisionnement et d’achat de matériel ont été réalisées de la meilleure façon possible pour répondre aux avantages environnementaux, sociaux et économiques selon les directives du programme Buy Smart. Ce programme a été adopté en 2015 par les Jeux panaméricains de Toronto.
Ann Duffy souligne aussi que des partenariats extraordinaires ont été établis avec les sponsors nationaux et internationaux dans un programme lié à la durabilité et de promotion pour une nouvelle façon de travailler laissant un héritage durable. Et une première norme, grâce à un partenariat avec l’Association canadienne de normalisation, est créée.
Le transfert de connaissances après Vancouver 2010
Ann Duffy rappelle que le CIO a un programme de transfert de connaissances très solide tout au long du cycle de vie de l’événement. Ainsi, dans la phase de candidature, les villes candidates peuvent rencontrer le CIO et d’autres Comités d’organisation pour apprendre ce qui est important dans la phase de candidature, puis au cours des sept années du cycle de vie du comité organisateur.
Des réunions régulières, une fois par an, ainsi que des ateliers ont eu lieu avec les équipes du développement durables de Londres 2012, de Sotchi 2014 et de Rio 2016 pour un partage d’informations, d’expériences et de conseils. Ann Duffy a rejoint la commission sur la durabilité du CIO afin de soutenir la création de l’Agenda 2020, ensemble d’engagements sur la manière dont les futures candidatures et les futurs Jeux seront organisés.
Défis et opportunités pour l’avenir
Ann Duffy ne cache pas que nous sommes confrontés à une crise existentielle autour du changement climatique et que tous les secteurs, y compris le secteur du sport, doivent rendre des comptes. Elle estime que nous devons réduire nos émissions de 50% d’ici 2030 et atteindre le zéro net d’ici 2050. Ce qui signifie que les Jeux doivent comprendre quelles sont leurs sources d’énergie pour les organiser et trouver toutes sortes de moyens pour réduire l’empreinte carbone.
L’industrie du sport possède une plateforme culturelle qui peut atteindre des publics de manière extraordinaire, que ce soit des marques, des fans ou des athlètes. Ann Duffy pense que l’anticipation sur l’empreinte carbone et les actions réalisées pour la réduire, désormais une conception essentielle pour la réalisation des Jeux, est une direction forte. Elle se sent privilégiée d’avoir pu faire partie d’un Comité d’organisation qui a proposé et mis en œuvre une méthodologie pour la durabilité et l’héritage, qui n’a cessé d’être améliorée depuis 2010.
Retrouvez-nous pour le prochain épisode consacré à l’histoire et les défis des villes hôtes des JO d’hiver avec Jean-Loup Chappelet, professeur honoraire de l’Université de Lausanne et de l’IDHEAP.
L’exposition gratuite Rêver en blanc : l’épopée des Jeux Olympiques d’hiver est présentée au Musée Olympique jusqu’au 27 février 2022.
A la Croisée des Jeux, le podcast qui rapproche sport et culture, en explorant l’influence des Jeux Olympiques sur vous, sur nous, sur nos imaginaires et dans la société, réalisé par Le Musée Olympique.
Pour en savoir plus : https://olympics.com/musee/decouvrir/programmation/rever-en-blanc
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